De quelques animaux

 

La licorne

La licorne, par intempérance et parce qu'elle ne sait pas refréner son goût des jouvencelles, oublie sa férocité et sa sauvagerie, et mettant toute crainte de côté, va vers la jouvencelle assise et s'endort dans son giron ; ainsi les chasseurs s'emparent d'elle. Léonard de Vinci

 

Le LXXXVIIIe chapitre de la licorne

En latin, la licorne est appelée rinoceron et c'est pour cela qu'elle est située parmi les animaux dont le nom commence par la lettre r. La licorne est un animal très cruel qui possède au milieu du front une corne de quatre pieds de long, si forte et si pointue qu'elle perce tout ce qu'elle frappe, comme dit Isidore au douzième livre. La licorne se bat contre l'éléphant et le tue au moyen de sa corne, qu'elle lui enfonce dans le ventre.

Cette bête est si forte que l'habileté des chasseurs ne suffit pas pour la prendre. On met alors une pucelle en l'endroit où l'animal a son repaire. Quand la licorne arrive, elle va se coucher sur le ventre de la pucelle ; et, lors qu'elle s'est endormie, les chasseurs la tuent sur le giron de la fillette, comme dit Isidore au douzième livre. La licorne est si fière que, si elle est capturée, on ne peut la garder, car elle se laisse mourir de chagrin, comme dit saint Grégoire dans sa glose sur le Livre de Job.

Au vingt et unième chapitre de son huitième livre, Pline dit que la licorne lime et aiguise sur une pierre la corne qu'elle a au front. Quand elle veut se battre contre l'éléphant qu'elle déteste, elle le frappe au ventre avec sa corne, car elle sait bien que c'est la partie la plus fragile. La licorne est de la taille d'un cheval, mais ses pattes sont plus courtes et elle est de couleur jaune, comme le bois dont on fait les tables pour écrire.

Il existe trois sortes de licorne : l'une a un corps de cheval et une tête de cerf, des pieds d'éléphant, la queue du sanglier et une corne au front d'environ deux coudées de long. On ne peut la prendre vivante. On l'appelle monoceron. La deuxième est appelée egliceron ce qui signifie " chèvre cornue ". C'est un petit animal semblable à un chevreuil, avec sur le front une corne très pointue. La dernière espèce est semblable à un bœuf. Elle est tachetée de blanc, a les sabots durs comme ceux du cheval et elle a une corne sur le front. Pline dit qu'il existe en Inde des ânes qui ont une corne sur le front, mais ils ne sont pas si forts ni si fiers que les licornes, comme disent Aristote et Avicenne.

Le livre des propriétés des choses, écrit au milieu du 13è siècle par le franciscain Barthélemi l'Anglais et traduit en français par Jean Corbechon en 1372 pour Charles V.

Barthélemy l'Anglais - Livre des propriétés des choses
peint par l'atelier du Maître de Boèce
BNF, ms. fr. 22531, fol. 324

La croyance en la vertu purificatrice de la corne est d’origine orientale, surtout mazdéenne et indienne. Elle purifie en premier lieu les "eaux", c’est-à-dire l’inconscient.

C.G. Jung (Métamorphoses de l'âme et ses symboles) note qu'il n'existe pas d'éléments thériomorphes dans le christianisme, sauf quelques résidus : la colombe, le poisson, l'agneau. Auxquels ajouter les animaux des évangélistes : le lion pour Marc, l'aigle pour Jean et le taureau pour Luc. Ces animaux symboles des évangélistes sont dérivés d'une vision d'Ezéchiel, qui a elle-même une analogie avec le dieu égyptien du soleil Horus et ses qutre fils.

Et la licorne peut-être, symbole du logos et esprit générateur ? Voire le diable ? S'ils existent !

Dans son Bestiaire du Christ, Louis Charbonneau-Lassay note que chaque symbole révèle deux aspects opposés. Deux exceptions à cette règle : la licorne et la rose dont La Chasse et La Dame se sont faites célébration.

La Chasse, comme La Dame, offre à nos regards la forme la plus aboutie, la plus glorieuse, de cet animal fabuleux à corne spiralée que l'artiste a dessiné " vraisemblable " selon la remarque pertinente de Mme Freeman. Elle tient du cheval (le cheval est considéré comme un animal psychopompe et funéraire dans certaines croyances) décrit dans les premiers textes (Ctésias, Pline, Elien) et de la chèvre du Physiologus grec d'Alexandrie par sa barbichette et ses sabots fourchus (celle des Cloisters les a plus recourbés que celle de Cluny). Notre artiste appartient à cette cohorte d'artistes qui, selon Jean-Pierre Jossua " ont créé la licorne… par la beauté de la bête qu'ils ont peinte, sculptée ou gravée… A partir d'une légende biscornue et en tout cas en porte à faux complet sur son application religieuse, ils ont forgé l'animal merveilleux dont l'imaginaire de l'Occident s'est nourri toujours à nouveau depuis plus de quinze siècles " comme le prouve sa " présence dans le songe et dans la culture constamment manifestée."

Sa corne frontale : signe phallique de puissance, de fécondation et de fertilité par sa forme, de pureté et de spiritualité par sa couleur, de divin par son unicité. Les trois éléments s'unissent dans l'idée pour certains d'une épée de lumière symbolisant le Verbe, le Logos divin, c'est à dire la Connaissance et la Sagesse. La licorne possédait, croyait-on, la faculté de déceler tout ce qui était impur, empoisonné.

La licorne " est " un animal important, souvent de grande taille, qui fréquente assidûment l'entourage divin, adamique, marial ou christique. Pourtant, nulle licorne dans la Bible hébraïque, la Torah. Une erreur de traduction dans la Septante grecque achevée en 130 avant notre ère a remplacé le mot hébreu remim = buffle par monokeros = unicorne. La Vulgate latine qui traduit la Septante donne soit rhinocéros (Nombres, Deutéronome, Jacob), soit unicornium (Isaïe, Psaumes).

Sauvage et puissante, parfois cruelle, elle peut être apparentée au lion qui l'accompagne dans La Dame de Cluny. " Sauve-moi de la gueule du lion, délivre-moi de la corne de la licorne " demande le verset 22 de la Vulgate.

http://expositions.bnf.fr/bestiaire/feuille/index_licorne.htm

Lorsqu'il compila son catalogue d'animaux de l'arche de Noé, Athanasius Kircher (1601-1680 ; jésuite allemand, graphologue, orientaliste, esprit encyclopédique et un des scientifiques les plus importants de l'époque baroque) était circonspect au sujet de la licorne. Décrites par les auteurs antiques, mentionnée par la Bible, elle n'a pas encore été trouvée. Pourtant c'est presque un blasphème que de suggérer que Dieu ait permis à un animal si fameux de périr dans le Déluge. D'où la pensée que les Écritures font certainement référence à un autre animal à une seule corne, comme ceux que l'on trouve en Inde ou au rhinocéros.

Kircher ne doutait pas des " cornes de licorne " que conservaient nombre de trésors médiévaux et de Kunstkammeren de la Renaissance. Il savait qu'elles provenaient d'un poisson que l'on ne nommait pas encore le narval.

 

"Il n'y a rien dans la nature des choses qu'estiment plus les empereurs, les rois, les princes et les magnats du monde que cette corne : l'or et les pierres précieuses ne sont rien en comparaison avec elle. Cependant, ce quelle est réellement, et de quel animal elle provient, personne ne peut le dire. À ce jour, les médecins, physiologistes et explorateurs de tous genres débattent entre eux sans trouver de solution au problème. Cependant, j'affirme que, si certains devaient nier que cet animal, dont le corne possède une telle efficacité et une vertu aussi admirable, existe aujourd'hui, ou ait jamais existé, leur témérité remettrait en question non seulement maintes pages des Écritures, mais le témoignage des historiens... [Pourtant] j'affirme que je tiens les cornes de ce genre pour être celles non pas de quadrupèdes, mais de certains poissons. Il arrive occasionnellement que ces museaux en forme de lance se brisent violemment entre des rocs dans les montagnes de glace, et sont balayés contre les rivages des îles voisines, où ils sont ramassés. Chaque année, beaucoup témoignent en trouver sous le sable de la mer. Ils ont également vu le poisson, pourvu d'un proboscis tel une grande lance, comme nous le montrons ici. "

 

La licorne est l'emblème de la Virginité. Agathe, Marie, Justine d'Anthioche et Justine de Padoue possèdent parfois cet attribut.

Au fronton d'une porte extérieure du château d'Azay-le-Rideau

 

Plat de reliure peint par Robinet Testard - Lyon - v. 1510
François Desmoulins - Traité sur les vertus cardinales
pour Louise de Savoie - BNF - ms fr. 12247

Prudence avec un dragon ailé - Force avec un lion
Justice avec un échassier - Tempérance (Modération) avec une licorne

Millefleurs à la licorne aux armes de Chabannes-La Palice
(d'origine bourbonnaise) ateliers de la Marche ? fin 15è s.
collection particulière

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Deux romans pour des destins tragiques

 

l'auteur anglais Julian Barnes, dans Une Histoire du monde en dix chapitres et demi (traduction de Michel Courtois-Fourcy, Stock, 1990, réédition : Mercure de France, 2011) conte dans le premier chapitre, The Stowaway, Le passager clandestin, la légendaire navigation de Noé lors du Déluge biblique et "accuse" Noé d'avoir tout simplement fait passer à la casserole le couple des licornes !
Voici le portrait de l'"Admiral " : " Noah was not a nice man … He was a monster, a puffed-up patriarch who spent half his day grovelling to his God and the other half taking it out on us … he was bad-tempered, smelly, unreliable, envious and cowardly… He wasn't even a good sailor. "
" Noah n'était pas un homme gentil ... c'était un monstre, un patriarche bouffi qui a passé la moitié de son temps à ramper vers son Dieu et l'autre moitié à s'en prendre à nous ... il était de mauvaise humeur, sentait mauvais, peu fiable, envieux et lâche ... Il n'était même pas un bon marin. "

Un portrait bien noir auquel s'oppose celui de la blanche licorne, majestueuse et populaire au sein de l'Arche : " the unicorn was strong, honest, fearless, impeccably groomed and a mariner who never knew a moment's queasiness. "
" La licorne était forte, honnête, courageuse, impeccablement soignée et un marin qui n'a jamais connu un moment de malaise. "

La jalousie est un bien vilain défaut et entraîne parfois au pire : " the Noahs had him casseroled one Embarkation Sunday. " "Les Noah le "passèrent à la cocotte" un dimanche. "
Ainsi disparut la licorne !


l'auteur canadien Timothy Findley, dans Not Wanted on the Voyage de 1984, place la navigation sous l'emprise de l'horreur la plus brutale : la licorne est en effet mutilée et sa corne utilisée par Noé pour pratiquer un viol sur Emma âgée de onze ans, épouse de Japhet, l'un des trois fils de Noé. Noé remarquant que Japhet ne peut consommer son mariage, il décide d'utiliser la corne de la licorne pour "ouvrir" Emma afin de faciliter l'acte de Japhet. Ce procédé traumatise Emma et blesse grièvement la licorne. Lorsque Japhet découvre ce que son père a fait, il coupe la corne de licorne. Emma est alors contrainte de vivre sur le pont supérieur pour être près de son mari.

Commentaire du livre de Jean-Pierre Jossua, La Licorne : images d'un couple par Blaise Ollivier sur le site :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1986_num_61_2_2392

 

Les chiens

 

Dans la tapisserie 1 (Le Départ), les lévriers sont au premier plan : ils chassent à vue. Les mâtins ont pris les devants au second plan : ils chassent à l'odeur. Les 5 chiens sont tous tenus en laisse : la chasse n'a pas commencé…

Un chien rouge ?

Le lévrier blanc a été très souvent utilisé comme devise. Depuis l'Antiquité, il est synonyme de fidélité et de loyauté.
Au Moyen Âge
, la mode des lévriers princiers va se développer en Angleterre pour connaître une popularité croissante auprès de l'aristocratie dans le reste de l'Europe : il est l'animal favori des cours princières. La blancheur de sa robe, celle de l'innocence, a fait du lévrier un symbole du Christ. Dante, dans le Chant 1 de l'Enfer, fera tuer la Bête (l'Antéchrist) par un lévrier vertueux et sage, empreint d'amour.

" O FRANCE "


" car la bête cruelle, et qui t'a fait si peur,
ne permet pas aux gens de suivre leur chemin,
mais s'acharne contre eux et les fait tous périr.

Par sa nature, elle est si méchante et perverse,
qu'on ne peut assouvir son affreux appétit,
car plus elle dévore, et plus sa faim s'accroît.

On la voit se croiser avec bien d'autres bêtes,
dont le nombre croîtra, jusqu'à ce qu'un Lévrier
vienne, qui la fera mourir dans les tourments "


Le Moyen
Âge sera l'âge d'or de la chasse au lévrier dans toute l'Europe. Le lévrier devient aussi l'objet de légende mettant en scène son courage et sa fidélité. Il figure aussi dans les chansons de geste et les récits arthuriens, dans les sculptures, les enluminures. A la Renaissance, le lévrier reste très apprécié des aristocrates pour ses qualité de chasseur et son esthétique ravit les artistes peintres et sculpteurs. http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9vrier

 

La figuration de quelques lévriers se situe dans le registre cynégétique. Le lévrier chassait le lièvre avec vélocité et passion. Il fréquentait aussi les écus où sa présence héraldique signifiait fidélité, courage et obéissance.

Les peintres en font usage dans les représentations du mystère de l'Incarnation : un veneur ailé (l'ange Gabriel) sonne de sa trompette, quatre lévriers, Misericordia, Veritas, Justicia et Pax, poursuivent une licorne qui se réfugie au giron d'une vierge.

Anne de Bretagne et les chiens

Anne de Bretagne est souvent entourée de ses chiens, dont neuf grands lévriers de Basse-Bretagne, qui portent un collier de velours noir avec quatre hermines fixées par des boucles de fil de laiton doré. Elle possède une meute vingt-quatre chiens qui voyagent avec elle.

Dans La Chasse, les chiens se partagent en mâtins et lévriers. En est-il dans cette tenture comme dans le poème de Giordano Bruno, Fureurs héroïques, où les mâtins représentent la volonté du sujet et les lévriers l'intellect discursif, la dianoia.

" Dans les bois, le jeune Actéon, alors que le destin l'engage
sur la voie douteuse et imprudente, détache mâtins et lévriers
et les lance aux traces des bêtes sauvages. Or voici qu'au sein
des eaux, il voit le plus beau buste et le plus beau visage que
puisse voir œil mortel ou divin - pourpre, albâtre et or pur. Il
l'a vu, et le grand chasseur est devenu gibier. Le cerf qui, vers
les fourrés plus épais, dirigeait sa course plus légère fut bientôt
dévoré par la meute nombreuse de ses grands chiens. Ainsi je
lance mes pensers sur la proie sublime, et mes pensers retournés
contre moi me font mourir sous leurs dents cruelles. "

Le gibier, après lequel chasseur et chiens courent, représente " les espèces intelligibles des concepts idéaux, qui sont occultes, suivies par peu de gens, atteintes par moins de gens encore, et qui ne s'offrent pas à tous ceux qui cherchent "

Le chien à la queue noire

Dans la tapisserie 3, " La Traversée de la rivière ", que penser de ce chien au collier marqué de trois fleurs de lys et arborant une queue noire inattendue au vu du pelage marron ?

— Est-ce une évocation d'Anne de Bretagne ? Car la blanche hermine a la queue noire !

voir aussi le très joli site :
http://beaute-sauvage.fr/page_banniere/nouveautes_14.htm

" L'hermine préfère la mort à la souillure. "
Léonard de Vinci, Carnets, Feuillets H 48 v., Bibliothèque de l'Institut de France


— Citons trois paragraphes extraits du livre de Carl Gustav Jung, Mysterium conjunctionis (tome 1, Albin Michel, 1980).

Page188 : " Selon une opinion rabbinique, Adam aurait même eu une sorte de queue. Son premier état était des plus disgracieux. Alors qu'il était étendu encore inanimé sur la terre, il était de couleur verte ; des milliers d'esprits impurs, qui voulaient entrer en lui, l'entouraient en bourdonnant. Mais Dieu les chassa tous sauf l'un d'eux, Lilith, la " souveraine des esprits ", qui parvint à adhérer au corps d'Adam, si bien qu'elle conçut un enfant de lui. Lorsque parut Eve, elle s'enfuit. La démoniaque Lilith paraît être dans un certain sens un aspect d'Adam, car la légende veut qu'elle ait été créée à partir de la même terre que lui. Il est un trait qui projette une lumière fâcheuse sur la nature d'Adam : des démons et des spectres innombrables sortaient de sa semence. Cela se produisit pendant cent trente ans pendant lesquels il dut vivre séparé d'Eve et exclu de la communauté divine. "

Page 201 : " Le 'vieil Adam' correspond à l'homme primitif, à 'l'ombre' de notre conscience d'aujourd'hui et l'homme primitif repose sur l'homme-animal (l'Adam doté d'une queue) qui a depuis longtemps disparu de notre conscience. "

Page 207 : au sujet de la noirceur de la faute commise par Eve et Adam responsables de la Chute : " …l'alchimie se donne pour tâche de réconcilier les quatre éléments en lutte les uns contre les autres et de les amener à l'unité. Dans notre texte [au sujet de la Sulamite] il est mis fin à cet état quand la noirceur encore torturante du péché est lavée par " la détresse avec le vinaigre ". Il y a ici une claire allusion à l'hysope et au vinaigre dont fut abreuvé le Crucifié. "

Ces explications de Jung concernent un possible chien-Adam (ce n'est pas le même, il n'est pas de même race) qui dans la tapisserie suivante " donnera naissance " à Eve en " prêtant une de ses côtes " à la corne de la licorne. C'est aussi dans cette tapisserie 4 que l'éponge imbibée de vinaigre est apportée ('deux temps' trop tôt) en haut à gauche. Le mâtin à la queue noire devient un blanc lévrier…

Mais toutes ces remarques ne sont qu'hypothèses, bien entendu !

— Pour le visionnaire Alain de la Roche (1428-1475), chacun des mots de l'Ave signifie une des quinze perfections de la Vierge et en même temps une pierre précieuse sur le rocher angélique qu'elle est elle-même. Chaque mot chasse un péché ou l'animal qui le représente. Ils peuvent être encore les branches d'un arbre qui porte tous les bienheureux ou les marches d'un escalier. Selon lui, le mot " Maria " désigne la sagesse et l'escarboucle ; il chasse l'envie, figurée par un chien très noir.

Les origines du mythe du chien noir sont difficiles à discerner. Il est impossible de déterminer si c'est de la culture celtique ou germanique que vient cet élément dans la culture britannique. Depuis toujours, dans la mythologie européenne, les chiens ont été associés à la mort.

Dans la mythologie germanique, le Garm est un gros chien noir qui garde la porte du Royaume des Morts. Dans le folklore breton, le chien noir des Monts d'Arrée représente les damnés. Dans la représentation inuite de l'au-delà, un chien terrifiant est le gardien du monde des morts. Anubis, dieu égyptien à tête de chien noir, accompagne le défunt vers la mort, tout en protégeant sa dépouille. Il est le patron des embaumeurs. Dans les pays scandinaves, on retrouve le Kirkegrim, un gros chien noir qui garde les cimetières.
Le folklore britannique mentionne plusieurs chiens noirs comme des spectres principalement nocturnes.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chien_noir_(folklore)

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Deux chiens très ressemblants :
1- Devonshire Hunting tapestries (détail) - v. 1440-50 - The Victoria and Albert Museum - Londres http://www.vam.ac.uk/content/articles/d/devonshire-hunting-tapestries/
2- La Chasse, tapisserie 4 : la licorne se défend

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Ils portent, comme la plupart des chasseurs des tapisseries des chaussures à bouts carrés, dites " chausses en patte d'ours ".

" Par la suite vers la fin du XVe siècle, apparut le soleret en pied d'ours, dit aussi en gueule de vache, à l'extrémité aplatie, à la manière d'un museau de vache, et plus large que le reste de la chaussure. Là encore, la légende en attribue faussement l'origine aux six orteils de Charles VIII. Le "demi-pied d'ours", dit aussi demi-sabot, apparut peu après. Enfin, vers le milieu du XVIe siècle, le pied d'ours céda la place au soleret en bec de cane, dont l'extrémité semi-circulaire rappelle tout à fait les bottes ou les chaussures renforcées d'aujourd'hui. "
http://fr.wikipedia.org/wiki/Soleret

 

Le pèlerin est chaussé de solerets en pied d'ours.


Lucifer porte des bottes jaunes.

Le nombre de chiens

 

Tap. 1
2
3
4
6
5 chiens
11
10
13
15

 

Tapisserie 2

retrouver 5 chiens !

"Perro réal" entre les cornes du cerf-roi ?

Les bois du cervidé peut être considéré comme l'arbor mundi. Dès Origène, en chrétienté, le cerf est l'emblème de l'Homme nouveau, le Christ. Sans ostentation, car marginalement situé, notre " perro " nous apparaît comme est apparu le crucifix entre les bois du cerf " dix cors " à saint Eustache, à saint Hubert, à sainte Ida de Toggenbourg, à saint Félix de Valois, contemporain de Chrétien de Troyes.

 

De C. G. Jung, Un Mythe moderne, Gallimard, 1961, p. 253
" ainsi le chiffre, participant à la fois du domaine réel, physiquement connaissable, et du domaine de l'imaginaire, jette un pont entre les deux. L'imaginaire est, certes, irréel, mais pourtant efficient et effectif puisqu'il agit. On ne peut plus, surtout de nos jours, douter de son action. J'en veux pour preuve le fait que ce n'est point le comportement, le manque ou l'abondance des choses physiques qui créent à l'homme tant de soucis, mais bien la conception qu'il se fait des choses, ou l'imagination qui s'empare de lui.
Le rôle joué par le nombre dans la mythologie et dans l'inconscient donne à penser. Le nombre est un aspect aussi bien du plan réel et physique que du plan imaginaire et psychique. Non seulement le nombre compte et mesure, non seulement il est simplement quantitatif, mais il exprime en outre des données qualitatives; et c'est pourquoi il faut voir en lui, au moins provisoirement, un quelque chose de mystérieux et d'intermédiaire entre le plan du mythe et le plan de la réalité, un instrument qui a été d'une part trouvé et découvert, d'autre part inventé et imaginé. "

 

 

 

Le cheval

 

Le cheval est un symbole de libido dans l'acception de Jung. De même que la mère. En certaines figures, les deux symboles se rejoignent. Ainsi, Hécate, déesse des Enfers, est représentée avec une tête de cheval. Déméter et Philyra se métamorphosent en cheval pour échapper à Kronos et Poséidon.

Jung écrit : " Ainsi compris, le héros et son cheval nous paraissent représenter l'idée de l'homme avec la sphère instinctuelle à lui soumise " et donne pour exemples Agni sur le bélier, Wotan sur Sleipnir à huit pattes, le dieu du bien Ahuramazda sur Angromainyu, Jésus sur l'âne, Mithra sur le taureau, Mên sur un cheval aux pieds humains, le dieu nordique de la vie et de la fertilité Freyr sur le sanglier Gullinbursti au poil d'or, etc…

Le crucifix satirique du Palatin représente le Christ avec une tête d'âne, peut-être pour rappeler la légende antique selon laquelle on vénérait le portrait d'un âne dans le temple de Jérusalem.

Graffiti gravé dans le plâtre sur un mur près de la colline du Palatin, à Rome,
aujourd'hui au Musée Antiquarium Palatin.

Le "crucifix du Palatin", graffiti découvert en 1856, représente un adorateur du dieu à la tête de cheval ou d'âne, ici crucifié sur une croix latine. Sous les deux figures, une inscription en grec : " Alessamenos adore Dieu ", certainement une citation d'un disciple du culte gnostique de Seth, qui a réinterprété comme une crucifixion de type romain le traditionnel supplice préchrétien de l'antique dieu égyptien du Chaos. La lettre Y isolée pourrait être une allusion aux deux voies des défunts.

http://en.wikipedia.org/wiki/Alexamenos_graffito


" Les légendes attribuent au cheval des caractères qui reviennent psychologiquement à l'inconscient de l'homme : les chevaux sont doués de clairvoyance … ils ont des facultés mantiques … ils entendent les paroles prononcées par le cadavre quand on le porte en terre et que les humains ne perçoivent pas … Le cheval voit aussi les fantômes : tout cela correspond à des manifestations caractéristiques de l'inconscient. Il est donc compréhensible que le cheval, représentant les composantes animales de l'homme, ait des rapports nombreux avec le diable. Celui-ci a des pieds et parfois même une tête de cheval. "

Les chevaux sont également liés à la symbolique du feu et de la lumière, et par extension à celle de l'éclair.

Jung note le cheval comme l'un des archétypes les plus fondamentaux des mythologies, proche du symbolisme de l'arbre de vie. Comme ce dernier, il relie tous les niveaux du cosmos : le plan terrestre où il court, le plan souterrain dont il est familier, et le plan céleste enfin où il s'occupe fréquemment de tirer le soleil.

Le cheval a aussi un rôle de psychopompe en conduisant les morts dans l'au-delà. Des chants néo-grecs évoquent Charon à cheval.

(C. G. Jung , Métamorphoses de l'âme et ses symboles, pp. 456-469)

Rapprochons cette image d'un extrait de l'Upanishad Brhadêranyaka I, 1, composé entre -800 et -700, relatif au sacrifice du cheval :

" 1- L'aurore vraiment est le chef du cheval de sacrifice, le soleil, son œil ; le vent, sa respiration; sa gorge est le feu partout répandu, l'année est le corps du cheval de sacrifice. Le ciel est son dos ; l'espace aérien, la cavité de son ventre ; la terre, la courbure de son ventre ; les pôles sont ses flancs, les hémisphères, ses côtes ; les saisons, ses membres; les mois et les demi-mois, ses articulations ; les jours et les nuits sont ses pieds, ce sont les sables du désert ; les fleuves sont ses veines, son foie et ses poumons ; les herbes et les arbres ce sont ses cheveux. Le soleil levant est le devant de son corps, le soleil couchant, sa croupe. Quand il montre les dents, c'est l'éclair ; quand il frissonne, c'est le tonnerre ; quand il urine, c'est la pluie ; son hennissement est le langage.

2 - Le jour, en vérité, est né pour le cheval comme coupe de sacrifice placée devant lui ; son berceau est dans la mer universelle vers le matin ; la nuit est née pour lui comme coupe de sacrifice placée derrière lui ; son berceau est dans mer universelle vers le soir ; ces deux coupes sont là pour entourer le cheval. Coursier, il produisit les dieux ; combattant, les Gaugharves, coursier, les démons ; comme cheval les hommes. L'océan est son parent, l'océan son berceau. "

" Le cheval de sacrifice désigne le renoncement à l'univers... Dans le texte ci-dessus, le coursier est placé entre deux coupes de sacrifice ; il vient de l'une et va vers l'autre, comme le soleil va du matin jusqu'au soir. Le cheval étant pour l'homme monture et bête de somme et l'homme mesurant même l'énergie en chevaux-vapeur, cet animal représente pour lui une masse d'énergie dont il dispose. Il représente la libido introduite dans le monde. Nous avons vu plus haut que la libido attachée à la mère doit être sacrifiée pour produire le monde ; ici c'est le monde qui disparaît par le sacrifice renouvelé de cette même libido qui appartenait d'abord à la mère et pénétra ensuite dans le monde. Par conséquent c'est à bon droit que le cheval peut être considéré comme symbole de cette libido, puisqu'il a de nombreuses relations avec la mère. C'est donc uniquement par le sacrifice du cheval que peut se produire une phase d'introversion égalant celle qui précéda la création du monde. La position du cheval entre les deux coupes représentant la mère qui enfante et celle qui engloutit, rappelle l'image de la vie enfermée dans l'œuf ; c'est pour quoi les deux coupes ont pour rôle d'entourer le cheval. " (C. G. Jung, Métamorphoses de l'âme et ses symboles, p. 684-685)

 

 

Les oiseaux

 

Le chardonneret

 

tapisserie 2

tapisserie 6

 

Par son front taché de sang et son goût pour les fleurs de chardon, plante très acérée qui renvoyait symboliquement à la Couronne d'Epines, le chardonneret figurait au 13ème siècle comme symbole de la Passion et de la Rédemption.

Une légende rapporte que le chardonneret voyant le Christ souffrir sous sa couronne d'épines tenta d'en extraire les pointes. Eclaboussé par le sang, le chardonneret en porterait encore la marque rouge.

 

 

 

Le faisan

 

tapisserie initiale

la faisane (la reine) - le faisan (le roi)
son propre reflet dans l'eau (le dauphin)
Anne de Bretagne - Charles VIII ou/puis Louis XII

tapisserie finale

le mariage du Roi et de la Reine
(du soleil et de la lune)
mort et remplacement, résurrection

 

Reconnaissons ici : — le faisan et la faisane comme le soleil et la lune
— les ronds dans l'eau comme les sept orbites des sept planètes
le mythe de Narcisse (qui appartient à la tradition hermétiste) dans ce faisan et son reflet dans l'eau du bassin

— Citons tout d'abord, du Corpus Hermeticum, du Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, le verset 26 : " Dieu, l’Esprit, en lui-même masculin et féminin, source de la lumière et de la vie, engendra d’une parole un second être spirituel, le Démiurge qui, en tant que Dieu du feu et du souffle, créa sept recteurs pour entourer de leurs cercles le monde sensible et le diriger par ce qu’on nomme le Destin. "

— Ou alors selon la traduction de Julius Evola : " L'être intellectuel, le dieu mâle et femelle, [l'androgyne primordial constitué par le soleil et la lune], qui est la Vie et la Lumière, engendre avec le Logos une autre intelligence créatrice, dieu du Feu et du Fluide qui, à son tour, forme les sept régents, enfermant dans leurs cercles le monde sensible. Leur règne s'appelle Destin." Et Julius Evola d'ajouter page 64 : " Ici, la dernière phrase renvoie à la tradition rapportée par Platon au sujet de la 'Roue du Destin', composée de sept sphères tournoyantes, gouvernées par les 'Filles de la Nécessité'."

Citons les versets 32 à 38 du Livre I d’Hermès Trismégiste, Le Pymandre : "L’Esprit, Père de tous les êtres, qui est vie et lumière, engendra un homme semblable à lui, dont il s’éprit comme de son propre enfant car, à l’image de son Père, il était d’une grande beauté. Dieu s’éprit donc en réalité de sa propre forme et lui livra toutes ses ouvres. /-/ Mais quand l’homme eut observé la création formée dans le feu par le Démiurge, il voulut créer à son tour et le Père le lui permit. Alors, entrant dans le champ de création du Démiurge, où il devait avoir toute liberté de créer, il observa les ouvres de son frère, tandis que les Recteurs s’éprenaient de lui et que chacun d’eux l’associait à son propre rang dans la hiérarchie des sphères. /-/ Or dès qu’il connut leur essence et prit part à leur nature, il voulut franchir la limite des cercles et connaître la puissance de celui qui règne sur le feu. - Alors, souverain du monde des êtres mortels et des animaux dénués de raison, l’homme se pencha, traversa la force de cohésion des sphères, dont il avait déchiré les voiles et se montra à la nature inférieure dans la belle forme de Dieu. /-/ Dès que la nature vit l’homme, qui unissait en lui l’inépuisable beauté et toutes les énergies des sept Recteurs sous l’aspect de Dieu, elle sourit d’amour en voyant se refléter dans l’eau les traits de cette forme merveilleusement belle et en apercevant son ombre sur la terre. /-/ Et lui, apercevant dans l’eau de la nature le reflet de cette forme si semblable à lui, s’éprit d’amour pour elle et voulut habiter là. Ce qu’il voulut, il le fit à l’instant et vint habiter la forme privée de raison. La nature, recevant en elle son amant, l’étreignit tout entier et ils ne firent plus qu’un car le feu de leur désir était grand. /-/ Voilà pourquoi, seul de toutes les créatures de la nature, l’homme est double, à savoir mortel selon le corps, et immortel, selon l’homme fondamental.

— Puis lisons Julius Evola, pages 85-7 : Cette "aventure de celui qui voulait aller au-delà des sept cercles de la nécessité" correspond "à un état d'amour - au sens d'identification et d'amalgamation (donc dans le même sens du pouvoir que, selon la doctrine hindoue, ont la soif et la convoitise - en alchimie : la viscuosité) - précisément à l'égard du corps et de l'individuation. Cet état est tel que les Eaux pénètrent avec une 'humidité superflue' dans le principe solaire, le lèsent, l'enivrent, l'obscurcissent, le transportent : l'amènent à s'identifier à ce qui avait déjà reçu l'empreinte de son pouvoir, à s'y fixer et à ne plus s'en distinguer, participant en tout et pour tout à sa nature. Déchu de sa propre nature, il devient alors, pour ainsi dire, l'image de lui-même, image qui, comme telle, subit la condition de ce où elle se forme. Un tel événement se présente de soi-même comme le sens intérieur du mythe de Narcisse : Narcisse est amené à la 'mort' dans les 'Eaux' par le désir éveillé en lui par sa propre image reflétée dans les mêmes Eaux — et cette 'mort' est la substance de ce que les hommes, liés par le désir au monde des corps et du devenir, appellent vie."

Le faisan est l'image spéculaire de Narcisse. Selon les bestiaires médiévaux, il ne pouvait détacher les yeux de son propre reflet, qu'il prenait pour un rival dans ses amours.

Jean Perréal ? - Narcisse à la fontaine - v.1480-1520
Museum of Fine Arts - Boston

" L'eau des sages " : " Ô combien est précieuse et magnifique cette eau ! car sans elle l'œuvre ne se pourrait parfaire : aussi est-elle nommée le vaisseau de la nature, le ventre, la matrice, le réceptacle de la teinture, la terre et sa nourrice, elle est cette fontaine dans laquelle se lavent le Roy et la Reine..." (12ème siècle, du très ancien Philosophe médiéval Artéphius, Livre secret traitant de l'art caché et de la pierre philosophale)

Deux oiseaux qui boivent dans la même coupe signifient la dualité réconciliée, l'apaisement des contraires qui retrouvent la source unique.
http://jalladeauj.fr/oiseauxromans/styled-6/index.html

 

Tour à tour, le coq a représenté une image heureuse ou dévalorisante de la France.

Au Moyen Age, les fables, fabliaux, bestiaires et encyclopédies s'amusent des aspects négatifs du coq : il est vaniteux, coléreux, batailleur, fanfaron, sot, lubrique, sensible à la flatterie et à la " vaine gloire ". Les pays voisins le charge par l'image et les médailles d'une symbolique méprisante qui rejaillit sur le roi dans une dénonciation de la politique des Valois hors de France : guerres contre l'Angleterre et la Bourgogne, ambitions italiennes de Charles VIII, de Louis XII, candidature de François Ier au trône impérial.

A la fin du Moyen Age, plusieurs souverains adoptent pourtant le coq en insistant sur ses aspects positifs que la symbolique chrétienne relève : le coq est courageux et vigilant. Il chante le lever du jour, il chasse les démons nocturnes et réveille les fidèles endormis dans le péché des ténèbres, comme s'il invitait à la repentance et annonçait la future résurrection. Il chante les heures comme un moine, il veille sur ses poules comme un prêtre sur ses fidèles et le roi sur ses sujets comme le précise Christine de Pisan à propos de Charles V. Cette symbolique cléricale et christologique du coq autorise que le surnom de " gallus " est attribué à Charles VII (1422-1461), à Charles VIII (1483-1498) et à Louis XII (1498-1515).

Avec François Ier, la propagande royale utilisera la symbolique du coq de façon plus concise et plus large : le coq " français " est l'image même du roi de France ; il est lucide et courageux, il est l'attribut du soleil, de Mars et de Mercure que la mythologie embellit. Il est par son nom latin de " gallus " l'emblème des valeureux Gaulois, ancêtres que l'histoire et l'archéologie ont fait accepter. Il peut désormais, au début du XVIe siècle, pavaner aux côtés de la couronne et de la fleur de lis.

 

 

L'engoulevent

 

Cet oiseau n'est peut-être pas un engoulevent !

— Nous avons pensé que cet oiseau pouvait, par son nom (le vent), figurer l'un des quatre éléments : l'air.

 

Le cygne

 

1- Selon le site suivant :
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Blason_d%E2%80%99apr%C3%A8s_les_sceaux_du_Moyen-%C3%82ge

Le cygne était utilisé en héraldique comme :
— Support unique :
Jean, duc de Berri, 1393, fait tenir son écu par un cygne coiffé d'un heaume.

— Deux supports :
- Deux supports semblables :
Deux cygnes. Jean d'Orléans, comte d'Angoulême, 1445. Ils sont montés chacun sur un ours dans le type de Jean, duc de Berri, 1386.
- Deux supports différents :
Un ours et un cygne. Jean, duc de Berri, 1379.

— Des cimiers
Cygne. - Jean de Boulogne, comte de Montfort, 1351, porte un cygne. - Ulric de Fenêtrange, 1363, une tête et col de cygne (ici c'est la calotte du cimier qui est aux armes : une fasce) ; chez Jacques de Fenêtrange, 1425, la tête du cygne est dans un vol et c'est le vol qui porte la fasce.

2- le cygne était l'animal totémique de Louise de Savoie :
Son emblème était un cygne dit "navré", c'est-à-dire transpercé d'une flèche.

http://stephane0369.over-blog.com/article-chateau-de-blois-fa-ade-des-loges-58012598.html

Au plafond d'une salle du château de Blois :
- l'emblème de Louise de Savoie
- le monogramme L et le C (à l'envers) entrelacés de leurs prénoms : Louise (de Savoie) et Charles (d'Orléans, comte d'Angoulême, son mari)

Un cygne transpercé au cœur apparemment : l'amour a disparu. Il peut encore chanter et voler, peut-être, si l'envie lui point. A la mort de son mari, Louise de Savoie, âgée seulement de 19 ans, se réfugiera dans la solitude et la méditation au château de Chenonceaux.

Selon Pierre-Gilles Girault (« Séjours et résidence de Louise de Savoie en Val de Loire », Louise de Savoie, (1476-1531), Presses universitaires François-Rabelais et Presses Universitaires de Rennes, 2015, p. 56-57), ce cygne est navré par la flèche non la mort de son mari mais par la captivité en Angleterre de son beau-père Jean d’Angoulême qui le premier use du cygne blessé comme emblème.

Le cygne n'appartient pas à Claude de France dont les emblèmes attestés sont l’hermine de Bretagne et la lettre C. Le cygne devrait être couronné comme l’hermine s’il était l’emblème de Claude, reine de France.

3- L'emblème d'Anne de Bretagne fut le cygne puis l'hermine (blancheur immaculée = symbole de la pureté).
L'hermine est à l'origine de la devise bretonne : Plutôt la mort que la souillure (Potuis mori quam foedari).

(" Dans sa modération, l'hermine ne mange qu'une fois par jour ; elle se laisse capturer par le chasseur plutôt que de se réfugier dans un abri fangeux, où sa pureté risquerait de se souiller. " Léonard de Vinci - H 12 r.)

On retrouve le cygne comme cimier des ducs de Bretagne, au XIVe siècle.
Le cygne " navré " signifie t-il :
- pureté " navrée ", souillée ? Claude de France est morte 25 ans. Brantôme écrit "que le roy son mary luy donna la vérolle, qui lui advança ses jours".
- liberté bretonne assassinée ?
http://geneahist-goupil.over-blog.com/article-33772679.html

4- le cygne fut repris comme animal totémique par Claude de France, la bru de Louise de Savoie :
http://lesaventuresdeuterpe.blogspot.com/2011/07/candida-candidis-pure-parmi-les-pures.html
Claude de France (fille d'Anne de Bretagne) reprit l'emblème du cygne dit "navré" de sa belle-mère Louise de Savoie.



Château de Blois


Sa devise : " Candida Candidis - Pure parmi les pures ". Le cygne était également symbole de pureté et de sincérité, mais aussi de solitude, état que connut bien Claude de France.

Pour les Celtes (la Bretagne reste très empreinte des mythologies celtes), le cygne est également une des formes sous lesquelles apparaissent les entités de l'Autre Monde. Ils voyageraient toujours deux par deux, reliés l'un à l'autre par une chaîne d'or ou d'argent.
Peut-être a-t-elle perdu son double, cette Dame fiancée initialement à Charles Quint ?

5- le cygne était l'animal totémique de la famille de Clèves
Marie de Clèves, mère de Louis XII, était la grand-mère paternelle de Claude de France. La famille de Clèves, après l'extinction du lignage de Boulogne-Bouillon, s'est approprié le Chevalier au Cygne comme ancêtre et rêvait de reprendre le flambeau de la croisade, pour donner à la chrétienté un nouveau Godefroy. Alphonse de Clèves, le père de Marie de Clèves, s'était engagé à partir pour la croisade au fameux banquet du Faisan de Lille.
http://crm.revues.org/2232


6- Double symbolique du cygne :
- la lumière mâle, solaire et fécondatrice
- la solitude, la musique et la poésie
Chez les Grecs, il était l'attribut d'Aphrodite (déesse de l'Amour) et d'Apollon (Dieu de la musique, de la poésie et de la divination).

Absence des animaux suivants dans La Chasse :
- l'hermine : animal totémique d'Anne de France
- le hérisson : animal totémique de Louis XII
- la salamandre : animal totémique de François 1er

 

 

Les oiseaux de la rive

 

Tapisserie 1

Tapisserie 2

 

Tapisserie 3

 

Bestiaire de Léonard de Vinci - extraits de ses Carnets

Intrépidité
Le lion ne ressent jamais la peur ; tout au contraire, il il combat d'un cœur ferme, avec acharnement, la troupe des chasseurs et cherche toujours à nuire à celui qui le premier l'a attaqué. H 9 v.

Crainte ou lâcheté
Le lièvre est toujours craintif et la chute des feuilles en automne le fait vivre dans la terreur et souvent le met en fuite. H 9 v.

Intempérance
La licorne, par intempérance et parce qu'elle ne sait pas refréner son goût des jouvencelles, oublie sa férocité et sa sauvagerie, et mettant toute crainte de côté, va vers la jouvencelle assise et s'endort dans son giron ; ainsi les chasseurs s'emparent d'elle. H 11 r

Modération
Dans sa modération, l'hermine ne mange qu'une fois par jour ; elle se laisse capturer par le chasseur plutôt que de se réfugier dans un abri fangeux, où sa pureté risquerait de se souiller. H 12 r.

Le pélican
Celui-ci porte un grand amour à ses petits ; les trouve-t-il tués dans son nid par quelque serpent, il se perce le cœur, et en les baignant dans son sang, les ramène à la vie. H 13 r.

Le cygne
Le cygne est d'une blancheur immaculée, et en mourant il exhale un chant suave : ce chant termine sa vie. H 13 v.